Femmes de la mer : le portrait de Najlaa Diouri
La mer, une affaire d’hommes ? Non, des femmes se sont construit une carrière dans ce secteur. À l’occasion de la 5ème édition du Forum de la mer du 3 au 7 mai à El Jadida, zoom sur ces femmes au cœur marin. Première d’entre elles, Najlaa Diouri, directrice générale du port de Tanger Med.
Najlaa Diouri finira sa carrière en septembre prochain à la tête de Tanger Med Port Authority (TMPA). Derrière elle, plus de 30 ans de carrière et un parcours qui pourrait en rendre jalouse plus d’une. Cette Tangéroise de 59 ans est devenue la première femme à occuper des postes de responsable dans le secteur maritime, connu pour être traditionnellement masculin. Elle assure même n’avoir jamais été victime de réflexion sexiste, mais reconnaît tout de même que « l’évolution de carrière d’une femme n’est pas aussi rapide que celle d’un homme ». Pas aussi rapide, mais possible vu son CV.
La mer, une femme, des responsabilités
Ses débuts, elle ne les fera pas dans ce secteur, mais dans le milieu pétrolier. Après un DEA de génie technique, elle décroche son premier emploi à Elf Aquitaine en France, avant de rentrer au pays en 1981 pour travailler dans la Société chérifienne des pétroles. C’est en 1986 qu’elle intègre l’ex-Odep (Office d’exploitation des ports). Elle y fera un bout de chemin et jonglera entre les ports de Mohammedia et de Casablanca comme responsable des travaux spéciaux de l’extension du premier port puis responsable de la maintenance, ou encore en tant que Quality manager du second. Et ce n’est pas fini. En 2000, la voici directrice technique du port de Mohammedia, avant d’être nommée directrice régionale de l’Atlantique nord de l’ANP (Agence nationale des ports). « On a pensé à moi lorsque l’ex-Odep s’est scindé en deux en 2006 », explique-t-elle. Effectivement, durant sa carrière, ce sont plutôt des hommes qui l’ont côtoyée ou naturellement appelée. La preuve, en 2008, son téléphone sonne. Le ministre de l’Equipement et du Transport de l’époque, Karim Ghellab la convoque à Rabat : il veut qu’elle prenne les commandes de la direction des ports et du domaine public maritime. Elle refuse. Il insiste. Un jeu de ping-pong s’ensuit. Elle veut en parler à son époux, non pas pour avoir l’autorisation, mais parce que la vie de couple se construit à deux. Le challenge est trop fort. « Le ministre m’avait donné trois missions : remettre sur les rails le service, lancer les études du nouveau port de Safi et élaborer la stratégie nationale portuaire à l’horizon 2030 ». Son mari la comprend. Elle accepte et ne le regrettera jamais. En 2012, rebelote. Cette fois-ci, c’est Mohamed Hassad, alors président du conseil de surveillance de l’Agence spéciale Tanger-Méditerranée, qui la contacte. « Il m’avait recrutée à l’ex-Odep », confie-t-elle. Elle acceptera quelques jours plus tard. « Quand je suis arrivée, il y avait de réels problèmes sociaux, associés à une forte baisse du trafic maritime », se rappelle-t-elle. Elle retape tout, avec l’aide de son équipe, tout en faisant les navettes le week-end entre Bouznika et Tanger.
Le maritime, un secteur qui se féminise petit à petit
A TMPA, sur les 160 membres de son personnel, 16 % sont des femmes, comme Najlaa Diouri le détaille. « C’est très peu », n’hésite-t-elle pas à dire. Alors dès qu’elle en a l’opportunité, elle opte pour des femmes au sein de ses services. Depuis 1986, le secteur maritime qu’a connu Najlaa Diouri a heureusement évolué. « Il n’y avait presque pas de femmes quand j’ai démarré, mais aujourd’hui, 90 % des postes à responsabilité sont occupés par elles, comme la direction de la marine marchande qui est entre les mains d’Amane Fethallah.» En revanche, pour les postes intermédiaires, le refrain n’est pas le même. « On trouve par exemple très peu d’officiers de la marine femmes, non pas parce que personne ne veut les embaucher mais parce qu’il y en a très peu dans les écoles », pointe-t-elle du doigt. Le seul moyen : sensibiliser. Car elle en est convaincue, « elles ont vraiment toute leur chance de faire carrière dans ce secteur ».
Source : www.femmesdumaroc.com
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